Lors de la rencontre « Musique & P2P, Rencontre avec le SNEP » mercredi dernier à l’Assemblée Nationale, Hervé Rosny (président du SNEP) a émit une idée qui ne cesse de me hanter… Si ma mémoire est bonne, il a déclaré que « le P2P tue la richesse de création de l’industrie phonographique et qu’Internet n’est rien sans un contenu riche ».
Cette idée sous-entend que sans l’approvisionnement de l’industrie musicale et des artistes, internet serait vide. En gros, si l’industrie phonographique ne diffuse pas de contenu, internet ne contient rien.
Ce qui me hante depuis quelques jours, c’est que cette affirmation relève d’une incompréhension profonde d’internet pour deux raisons :
1- le média internet permet l’émission et la réception; autrement dit, contrairement à la télévision, c’est un média interactif où l’individu reçoit du contenu et émet du contenu
2- de ce fait, la richesse d’internet est aussi constituée par les milliers de pages personnelles, forums thématiques, blogs etc… par toutes les productions individuelles qui alimentent en grande partie l’intérêt de se connecter.
A ce sujet, je recommande la lecture d’un brillant article de Franck Beau intitulé : Star Wars Kid, l'accident qui révèle l'éco-système
Dans cet article, l’idée développée est de dire (je cite) « qu’il peut exister un autre point de vue selon lequel, semer une production en gestation sur internet c'est lui donner vie dans l'acte même de l'échanger, de la commenter, de lui consacrer du temps, de la faire muter, de l'habiller avec les cultures, et donc de faire apparaître son amplitude, et l'écosystème symbolique original et constituant, qui peut-être l'accompagne. »
Pour la distribution musicale, on voit ici qu’il existe de nouvelles opportunités de croissance économique via la valorisation non plus uniquement de l’œuvre mais aussi de ses extensions par les internautes…
phrase joliment stupéfiante ! & singulièrement révélatrice de l'ignorance ou méconnaissance par son proférateur de ce qu'est internet : un réseau interconnecté sans cesse en expansion par l'apport incessant, spontané & non coordonné de matériaux, créations, informations, idées, produits, &tc.. par ses membres, i.e. tous ceux qui ont la possibilité (matérielle, financière, intellectuelle : les limites d'accès sont là, non dans la "position", la "domination" commerciale ou technique par un "opérateur") de se connecter & contribuer. ce cher M. Rosny est loin du compte, comme Mme Kerr-Vignale, M. Miyet & consorts...
il faut de plus remarquer qu'il ne s'agit pas seulement d' "extensions", qui ne feraient qu'ajouter à la richesse préexistante créée par les acteurs classiques, industrie ou autre : sur http://www.soundclick.com/genres/cc_license.cfm , base de 100 000 environ morceaux de musique (libre !), je ne crois pas que la "richesse de création de l’industrie phonographique" (pardon, je toussote un peu en copiant cette phrase : star ac', "laa muuusiiiiiqueuh, ouiiiii...", etc... ??? ou plutôt Chamfort, Françoise Breut, Hadji Lazaro, et tant d'autres précisément virés ou refusés par la "riche industrie phonographique" - là ça me va mieux :) - pour cause de "non-rentabilité", selon les critères marketings pour chaussettes ou baskets appliqués à la musique), je ne crois pas, donc, que l'industrie soit pour quoique ce soit dans cette floraison impressionnante, ni qu'internet eût besoin exclusif de se reposer sur ces mastodontes sclérosés & crispés pour créer de la richesse...
un petit tour sur les rubriques de liens "labels", "musiciens" & "bases, archives & annuaires" de http://www.musique-libre.org/links.php devrait permettre un aperçu plus averti...
Rédigé par : bituur esztreym | 20/11/2004 à 23:32
Merci pour cet article.
L'industrie musicale et phonographique n'a rien compris. Ils ne veulent surtout pas se remettre en question car ils sont obligés de repenser leur stratégie commerciale et marketing.
durrrrrrr
Je suis manager d'un "petit groupe pas connu" (donc pas signé chez un label, c'est pas le moment paraît-il). Pour faire connaître ce groupe, j'utilise les moyens du bord. Celui que j'ai choisi est Internet : rapidité, échange, peu coûteux.
Et je le dis bien haut, je propose et envoie les mp3 du groupe aux nouveaux intéressés, GRATUITEMENT (ne le répétez pas à la SACEM). Car on ne cherche pas à vendre des milliers de disques (tiens, ne serait-ce pas impossible ;-)
On veut simplement se faire connaître, que des gens viennent et prennent du plaisir à aller voir le groupe sur scène.
En général, quand le public est content, il achète le disque sur place.
J'ai simplement chercher un moyen direct, peu coûteux avec une rapidité de réponse (car, je vous jure, on ne gagne pas beaucoup d'argent à faire de la musique ; on travaille tous à côté).
Pour l'instant, nous avons fait de belles rencontres et nous avons touché des personnes qui ne nous auraient jamais connu ou vu.
Que du plaisir!!!! :-)
Rédigé par : Fred | 24/11/2004 à 10:11