Me voici de retour après une longue promenade dans le Nord de l’Europe (Allemagne, Hollande, Belgique) où l’on découvre des initiatives musicales sympathiques…
A Hambourg, on peut voir de nombreuses affiches dans les rues faisant la promotion de radio-crochets : des groupes de rock, pop et autres styles musicaux doivent s’affronter en public afin de prouver leur talent… et que le meilleur gagne! Mais d’où viennent les radio-crochets? Et qu’y gagne-t-on?
Naissance du concept en France
Le concept des Radio-crochets naît en 1930. Des chanteurs et chanteuses en herbe se produisent devant un public, à lui de juger de leur qualité. S'ils sont bons, les spectateurs les laissent terminer leur chanson. Dans le cas contraire, un coup de gong les interrompt et un long crochet, surgi des coulisses les fait sortir de scène. Le concept fait rapidement recette. Repris sur les ondes par Radio-Cité, il donnera naissance aux célèbres radio-crochets.
En octobre 1937, le gagnant du Music Hall des jeunes, jeu patronné par Levitan sur Radio-Cité, fut Charles Trénet avec Y’a d’la joie. Le 18 avril 1960, dans L’École des vedettes, émission d’Aimée Mortimer, Johnny Hallyday emporta les suffrages des téléspectateurs, en chantant T’aimer follement, l’un des titres du premier 45-tours qu’il venait d’enregistrer.
Le problème posé par la Star Academy
On apprend sur le site des éditions de la Bibliothèque Nationale de France que le succès de la Star Academy tient aussi je cite «à son encrage dans une tradition pluriséculaire de la pratique musicale : celle de la joute entre des champions jugés par leurs pairs».
Au-delà de la qualité du programme qui peut être apprécié ou non, le concept de cette émission me chiffonne en deux points :
- tout d’abord, les lauréats des radio-crochets de 1937 ou de 1960 se firent valoir dans une œuvre "originale", écrite et composée par soi-même pour le premier, adaptée d’un titre étranger nouveau pour le second. Concernant la Star Academy, seule la capacité d’interprétation et peut-être la maîtrise d’un instrument musical sont valorisés… la capacité de composer un morceau n’est pas prise en compte et on se demande qui choisit l’orientation artistique des prestations… le participant ou le staff’ de la production ?
- d’autre part, le gagnant se voit attribuer la garantie de faire un album + la somme d’un million d’euros + une tournée de 90 dates après 17 semaines de cours… Même si ces gains font rêver, ne sont-ils pas disproportionnés ?
Retour aux sources :
Après tout, l’objectif d’un artiste est double : vivre de la musique et se produire en public pour partager sa musique (ou l’inverse).
On se rappelle des «Wanadoo Discoveries» un concours pan européen visant à découvrir de nouveaux talents musicaux. « Pour ces jeunes talents élus, la consécration est au bout de la compétition : ils interprèteront leur single lors d'un évènement organisé mi-mai dans le sud de la France, deviendront des stars, et seront reconnus sur tous les portails de Wanadoo. L'évènement sera de plus diffusé en direct sur les portails Internet de Wanadoo ».
Toujours au cours de mon voyage, j’ai pu aussi constater que le Conseil de la Musique en Belgique appui la promotion de jeunes talents via la 6ème édition du concours «Musique à la Française» avec des prix qui sont beaucoup moins grandioses que ceux de le Star’Ac : des prix en espèces, des bons d’achats, des enseignements et des prestations dans des festivals !
Enfin, le groupe Gorillaz a profité du relooking de son site pour annoncer le lancement d’un concours pour artistes baptisé "Search for a star". Le groupe entend faire du site une plate-forme d'expression pour les créatifs et appelle pour ce faire à envoyer des extraits de musique, d'animation graphique, des films, clips vidéos, sketches etc... qui ne devront pas excéder une minute. Le vainqueur gagne son propre espace sur le site des Gorillaz afin de s’exprimer + la possibilité de collaborer avec le groupe selon le talent du vainqueur, mais je cite "These rules are.. er....subject to change" !!!
Alors, comment fait-on pour découvrir de nouveaux artistes? et que devraient-ils gagner?
Bonjour Sylvie et bonne année,
Ta réaction sur le concept de "radio crochet" m'amuse, car c'est une constante dans l'univers de la création.
Entre le Music Hall des Jeunes, le Petit Conservatoire de Mireille, et La Starac, le principe de compétition, plus ou moins mis en avant, a existé de manière continue, ne serait-ce qu'au travers des tremplins rock...
Même les inrcockuptibles ont leur tremplin: Le dernier gagnant s'appelle rhesus, et c'est trés bien.
Ce qui change, c'est l'exposition médiatique particulière accordée à cette formule.
Car en réalité, rien n'est plus facile que de découvrir de nouveaux artistes: Il suffit de prendre le temps de chercher. Des moyens innombrables existent:
Certaines radios ouvrent volontiers leur antenne à de nouveaux talents, à commencer par France Inter (Même si je ne partage pas ses goûts, on ne dira jamais le rôle essentiel de Jean Louis Foulquier dans la promotion de la jeune création francophone, mais il n'est pas le seul sur cette station qui a une tradition de découvreur), FIP, à la programmation toujours surprenante, Nova, Néo...
Ensuite, la presse spécialisée passe sa vie à chroniquer des premiers enregistrements, parfois même des autoproductions (mais je ne suis pas un gros lecteur de la presse musicale...c'est pas toujours très bien écrit, et ce qui m'intéresse, c'est le son).
Et puis, il y a Internet...Et là, la réserve de découvertes est un puit sans fin !
On peut commencer à regarder les audioblogs, comme la blogothèque, la case de l'affreux thom, l'ORTF, David_f entre autres...les liens sont sur mon propre audioblog podaufeu http://podaufeu.free.fr , et pour aller plus loin, on explorera la liste hallucinante fournie par the tofu hut http://tofuhut.blogspot.com/.
Découvrir de nouveaux talents n'est donc pas chose difficile pour qui s'en donne la peine: Je découvre en moyenne 3 à 4 artistes nouveaux ou confirmés chaque jour dont j'ignorais l'existence et dont au moins un morceau me plaît.
Mais cela prend du temps, temps que nous n'avons pas tous forcément, et passer sa vie à fouiner dans tous les sons de la planète n'est pas une activité que chacun à envie d'avoir.
Une trés vaste partie du public s'en remet donc à des prescripteurs, plus ou moins puissants, compétents ou désintéressés.
Le problème est donc surtout de "révéler" des artistes à un vaste public, dans un contextes médiatique dominé par quelques groupes extrêmement formatés (pour séduire une l'audience) et formattants (pour fidéliser cette audience).
Cette mécanique de "révélation" s'est peu à peu transformée en mécanique de "fabrication" d'artistes ad'hoc, en correspondance parfaite avec le format.
Dieu merci, la consommation de médias tend à se diversifier grâce à Internet, mais si c'est pour profiter aux gros portails, le problème sera le même, seul le média changera.
Il est donc vital de soutenir les sites qui proposent une consommation alternative de la musique, en particulier, ceux qui traîtent directement avec les artistes.
L'initiative des gorillaz est en ce sens intéressante à priori, les artistes sont choisis par leurs pairs "établis", qui jouent ce rôle de prescripteur en vue de l'exposition d'un ou plusieurs élus dans le cadre d'un projet déterminé (la collaboration au prochain disque des gorillaz).
Dans la même veine, David Bowie avait organisé un concours (plus ou moins critiqué) de mashups à partir de ses morceaux. Je ne sais pas quels en furent les retombées pour le gagnant, si il y en a eu un.
Enfin, lors de chacun de ses concerts, M demande si il y a un musicien dans la salle qui souhaiterait profiter de la scene et du backing band pour y interpréter un de ses propres morceaux. Et ça marche...
Cette idée de regroupement d'artistes, de mutualisation des publics me plaît, car elle donne puissance à une idée: l'indépendance vis à vis des médias dominants.
C'est comme cela que la scène alternative française a explosé, que l'électro française a tenu le haut de l'affiche planétaire pendant un temps. Lorsque suffisemment d'artistes se sont regroupés sur un "territoire" commun, leur permettant de mutualiser leurs publics. Le nombre, donc la solidarité créent la force.
Ce qui me laisse à penser que les structures les plus proches de leurs artistes (pour ne pas dire émanant des artistes eux-même) ont un avantage dans la "course au modèle économique". Il faut donner les moyens à ces structures.
Enfin, je me permet de nuancer ton point de vue sur les motivations de l'artiste. Certains artiste n'ont pas nécessairement vocation à se produire devant un public. Ce qui compte pour eux, c'est que leur musique soit jouée.
En synthèse, je dirais qu'un artiste entretient une relation particulière avec son art, que cette relation accapare la majeure partie de son énergie.
Ce qu'il demande alors c'est de pouvoir librement explorer cette relation, sans pour autant crever de faim. Il a les mêmes envies qu'un autre l'artiste: vivre vieux, faire vivre une famille, etc...
Deux phrases pour illustrer mon propos:
La chanteuse d'un groupe rock français, signé sur Universal après 10 ans de galère. Le jour de la sortie du premier album, je la vois dans une soirée, assise dans un coin, l'air soucieux. Elle réfléchissait à voix haute:
"Et qu'est-ce qui se passe si ça ne marche pas ? Si Universal nous jette dans 6 mois ?...On recommencera."
La seconde est de Manu Chao, évoquant sa période joint de culasse-los carayos-début de la Mano Négra:
"On jouait partout, pour une bière, pur un coup de pied au cul, on dormait ou on pouvait...mais on était libres"
Tiens ! A l'instant l'audioblog the suburbs are killing us vient de me faire découvrir l'Orchestre Tout Puissant Likembe Konono.
Rédigé par : T-ry | 11/01/2005 à 01:38
Cet article, trouvé dans l'excellente revue de presse de deepsound ( http://blog.deepsound.net/ ) vient à point nommé confirmer mon propos sur le rôle central des artistes eux-même dans l'élaboration d'un nouveau modèle:
http://www.chartsinfrance.net/actualite/article.php3?id_article=834
Rédigé par : T-ry | 11/01/2005 à 09:41
Je te remercie vivement pour ton commentaire! J'espère qu'il y en aura beaucoup d'autres car cet article est écrit avant tout pour que les artistes eux-mêmes donnent leurs points de vue... et que ces points de vue soient publics.
Rédigé par : Sylvie Krstulovic | 11/01/2005 à 10:50
Merci Sylvie pour cette article permettant d'aider à répondre aux questions que la plupart des artistes "inconnus" se posent. Comment toucher un large public.
Et merci T-ry pour ce commentaire constructif.
Tous ces propos m'amènent à parler d'une aventure concrète : celle que je vis avec le groupe que je manage, Myassa (www.myassa.net) et ses membres.
Que veulent-ils?
Créer, se produire sur scène, vivre de leur musique, toucher un public.
Nous ne cherchons pas à tout prix à signer chez un label. Nous cherchons de nouveaux moyens de s'autogérer : création d'une association et d'une communauté d'artistes (grâce à internet et au blog), l'autoproduction (gage de liberté artistique), recherche de nouvelles formes de communication........
Nous avons déjà fait plusieurs radio-crochets, ou plus communément appelés tremplins rock, dont nous sommes sortis bien placés à chaque fois (1er ou 2ème). Mais nous attendons toujours les répercussions.
Encore merci Sylvie pour ce blog et pour les idées de marketing que j'emmagazine.
Rédigé par : Fred | 12/01/2005 à 10:32
D'abord merci d'avoir référencé mon blog sur le tien. Je te rends avec plaisir la politesse. T-ry fait référence aux Inrockuptibles. J'en profite pour donner l'adresse de leur concours CQFD 2005 (Ce qu'il faut découvrir)
http://www.lesinrocks.com/CQFD
21 titres de très bonne facture sélectionnés parmi 9000 démos (et présents sur le CD du dernier n° de décembre). Tous en écoute sur le site. Le nom du lauréat sera publié dans le numéro du 26 janvier.
J'aime bien également l'inititiave du site de networking social MySpace.com aux Etats-Unis. Extrait d'un article que j'ai écrit dans Music Reporter à ce sujet : "Le site de networking social américain MySpace.com, sur lequel le groupe R.E.M. a effectué la promotion de son dernier album et totalisé plus de 600 000 écoutes, a lancé un concours
http://www.myspace.com/tasteofchaos
auprès de ses 7 millions de membres visant à sélectionner les groupes qui participeront à une tournée 'Taste of Chaos' sponsorisée par Samsung et dont les têtes d'affiches seront les groupes The Used et Chemical Romance. Il faut dire que quelques 100 000 groupes sont déjà référencés dans l'espace Musique de MySpace.com. Ils disposent chacun d'une page personnelle qui intègre un player permettant d'écouter quelques-uns de leurs titres, proposés également pour certains en téléchargement."
Rédigé par : Philippe Astor | 12/01/2005 à 17:51
Pour découvrir des nouveaux artistes vous pouvez également écouter des webradios comme DBC qui avec leur BLoG alimenté par les artistes eux mêmes et une programmation 100% indépendants et autoproduits présente un large panel de la musique émergente.
Existant depuis maintenant prés de trois ans et constituée en société, avec des emissions en direct des concerts et des retransmissions de festival DBC est devenu une réelle alternative aux médias classique.
Jean Francois Reveillard
http://www.dbc-radio.net
Rédigé par : DBC | 25/01/2005 à 02:42
Bonjour,
Merci pour votre article "Comment découvre-t-on de nouveaux artistes ? ". Par contre je m'étonne que vous posiez cette question car comme le dit si justement Jean-Francois Reveillard dans son article sur votre site, il n'y a rien de plus facile grâce à Internet si l'on veut s'en donner la peine.
Par expérience, il semblerait que la curiosité des maisons de disques ne soit pas celle de Monsieur Jean-François Reveillard car depuis environ 4 ans que notre site existe http://remychr.free.fr , mis à part de fréquents contacts d'artistes ou de personnes passionnées, j'ai très rarement eu à répondre à des interrogations de producteurs ou de maisons de disques ! A vrai dire on n'arrive pas vraiment à savoir comment ils procèdent pour trouver des artistes! Mais en cherchent-ils vraiment ?
Bien cordialement,
Debbie Campos
pour Rémy CHRETIEN
Rédigé par : Debbie Campos | 06/03/2005 à 12:36
Message pour Debbie:
"mis à part de fréquents contacts d'artistes ou de personnes passionnées, j'ai très rarement eu à répondre à des interrogations de producteurs ou de maisons de disques ! A vrai dire on n'arrive pas vraiment à savoir comment ils procèdent pour trouver des artistes! Mais en cherchent-ils vraiment ?"
Bien sur qu'ils en cherchent !!!! C'est le coeur de leur métier !!!
Seulement voilà, et c'est un impondérable du métier d'artiste "Beaucoup d'appelés, peu d'élus...". Il y a plus d'artistes que de producteurs, et en plus, le champ de la production tend à se diversifier de plus en plus (les "majors" signent moins de nouveaux talents, ce qui laisse un terrain a investir par de nouvelles structures "indépendantes".
Mais n'importe quel Directeur Artistique de maison de disques croule litéralement sous les sollicitations.
Certains labels INDEPENDANTS américains sont même obligés de dire trés explicitement "Ne nous envoyez pas de démos, à moins que nous vous l'ayons explicitement demandé".
Cela veut dire que pour l'artiste, le disque ne saurait être qu'un objectif annexe de sa carrière, qui doit se développer, disque ou pas disque.
Et surtout, ne pas s'arrêter à la démo et au site web: Il faudrait un miracle pour être repéré, et une qualité de vraiment exceptionnelle pour motiver un label. Autoproduction, scène, radios et presses locales... tout est bon.
Mais la route est longue.
Rédigé par : t-ry | 07/03/2005 à 11:40
mais commentaire sont que je prefére les musics chanteuxx
Rédigé par : lisette | 25/04/2005 à 13:48
Bjr à vous. Vous êtes une femme branchée comme on dit, vous avez l'air de savoir comment fonctionne les systêmes, dans lesquels moi je me perd.
Entre les producteurs, les distributeurs, les agents, les labels, et tout le baratin.
Je pense que vous vous occupez des jeunes talents, et dans le cas contraire vous devriez.
Et je serais le premier à postulé pour attirer vôtre attention, je suis auteur,compositeur,interprete, et je cherche à me faire un nom dans le milieu pour créer les chansons aux artistes.
MAIS c'est galère, sur galère... j'ai déja chanter dans des bars mais ma voix de soprano ne plait guère.
Bref si ça vous interesse, je vous envoi une composition.
Bravo pour vôtre blog..
Rédigé par : mickael | 02/02/2006 à 14:06
je suis marocaine j'aime la music
Rédigé par : sofia | 14/02/2006 à 20:21
Bonjour
je suis guitariste dans un groupe à tendance rock/ska, depuis plusieurs année.
Nous aimerions nous produire davantage et plus pourquoi pas....
Rédigé par : Lori | 23/03/2006 à 21:04
nous sommes un goupe de granada et la otopromo est eficace ?????????
nous verons bien
merci de parler de cqfd
Rédigé par : digitalbaicyn | 26/02/2008 à 16:24